Avez-vous déjà vu un champ de lin ? Difficile de croire que de ces longues tiges avec, à leurs extrémités de petites fleurs bleues, proviennent une multitude de produits dont une huile dorée et un textile très résistant tissé depuis des millénaires ! L’huile de lin fût d’abord utilisée pour son apport nutritionnel. Ce n’est que bien plus tard qu’on lui découvrit de nombreuses autres applications.
Extraite des graines mûres de cette plante, l’huile de lin est utilisée depuis quelques centaines d’années pour la protection et l’entretien des bois intérieurs et extérieurs. Elle est une des huiles les plus utilisées au monde pour la finition du bois.
Sa grande disponibilité ainsi que ses multiples propriétés en ont fait une composante de choix pour certains vernis et un excellent liant pour les peintures à l'huile. Remplacée par les résines alkydes synthétiques pendant quelques décennies, l’huile de lin revient en force entre autres pour ses qualités environnementales.
Protection, entretien et esthétique
Facile d’emploi, économique et écologique (dépendamment de la marque choisie et des additifs ajoutés), l’huile de lin est un produit de finition à redécouvrir. Imprégnant le bois jusqu’à saturation, elle apporte une teinte dorée devenant ambrée avec le temps, particularité appréciée par certains, mais évitée par d’autres. C’est une simple question de goût.
La beauté naturelle du veinage des différentes essences de bois est de nos jours, de plus en plus prisée par les consommateurs et l’huile de lin se révèle un très bon choix pour le mettre en valeur. Elle nourrit le bois en profondeur tout en lui procurant une protection souple, imperméable, résistante à l’abrasion et aux liquides tels que l’alcool, le café et les jus.
Huile de lin crue, polymérisée, siccativée : comment faire son choix ?
Les plus vieux d’entre nous qui n’ont connu que l’huile de lin crue sont restés avec l’idée d’un produit long à sécher, gardant la surface du bois un peu collante. En effet, le temps de séchage de l’huile de lin crue est d’environ trois jours ou plus pour chaque couche, ce qui explique qu’elle soit moins populaire… En général, on la dilue de moitié avec un diluant aux agrumes ou un solvant sans odeur.
La meilleure sorte d’huile de lin (et la plus utilisée !) est l’huile de lin doublement bouillie ou polymérisée. La cuisson de l’huile sous vide à haute température rendra celle-ci beaucoup plus visqueuse et siccative, ce qui veut dire que son temps de séchage en sera considérablement diminué, comparativement à l’huile de lin crue qui elle, est beaucoup plus fluide. C’est aussi l’huile de lin polymérisée ou doublement bouillie que l’on retrouvera dans les peintures ou vernis à l’huile. À noter que sous cette forme pure mais traitée sous vide et à la chaleur, l’huile de lin est complètement sécuritaire pour traiter des surfaces alimentaires.
Certains manufacturiers ajoutent des agents siccatifs métalliques (cobalt ou manganèse) à leur produit, qui permettent de réduire davantage le temps de séchage. Il est possible d’ajouter soi-même un siccatif à l’huile de lin en suivant bien les indications du fabricant.
Principales caractéristiques de l’huile de lin
- Non filmogène (ne forme pas de pellicule à la surface du bois, en opposition aux vernis)
- Finition imperméable, élastique et résistante à l’usure
- Fini satiné
- Légère odeur d’herbe
- Pénétration en profondeur
- Couleur dorée à ambrée
- Économique et écologique
- Facile d’emploi
- Facile d’entretien
- Séchage entre 12 et 24 heures, si polymérisée et/ou des siccatifs sont ajoutés
- Rehausse la beauté du veinage
- Sèche par évaporation et oxydation
- Compatible avec la majorité des huiles
Où, quand, et comment l’utiliser
L’huile de lin s’utilise le plus souvent à l’intérieur, sur les lambris, moulures, poutres, sur les meubles et même parfois sur les planchers, ce qui requiert toutefois un entretien aux six mois étant donné la grande sollicitation de la surface.
Il est important d’appliquer cette huile de finition sur un bois nu ou déjà huilé car toute autre finition, peinture, vernis ou cire, empêcherait la pénétration de l’huile.
On devrait donc dans ce cas, décirer ou décaper le bois à nu avant de procéder. La surface doit être poncée et dépoussiérée pour assurer une bonne imprégnation. Généralement, trois couches à 12 ou 24 heures d’intervalles sont suffisantes. Une fois la dernière couche complètement sèche, on pourra effectuer un léger polissage à la main, ce qui accentuera le fini satiné et sera très agréable au toucher.
Il suffira ensuite de faire un entretien une fois l’an ou au besoin. Les égratignures superficielles pourront être facilement atténuées avec une application locale d’un peu d’huile.
Plusieurs matériaux absorbants et très tendance en ce moment, peuvent être recouverts de l’huile de lin comme le liège, la terre cuite, les pierres, et les comptoirs de béton. Habituellement, trois couches suffisent.
Avant de procéder à la finition à l’huile, il est possible de teindre le bois avec une teinture à l’eau, à l’alcool ou hydroalcoolique. On pourrait ajouter des pigments de terre ou des oxydes de fer à la première couche d’huile, pour donner une légère teinte au bois. Le brou de noix s’avère un excellent colorant naturel pour obtenir une belle variété de bruns clairs à foncés.
Pour une utilisation extérieure, il ne faut pas oublier de traiter le bois avec une protection contre les insectes et les champignons. Il est aussi nécessaire de colorer le bois afin d’empêcher le grisonnement provoqué par les rayons UV. Il y a de plus possibilité de fabriquer sa propre peinture à l’huile très résistante à base d’huile de lin pour l’extérieur.
La facilité et la simplicité de la finition à l’huile de lin sont telles, qu’une personne n’ayant aucune expérience en la matière obtiendra un aussi beau résultat qu’un artisan expérimenté. Voici comment procéder :
Matériel requis
- Huile de lin doublement bouillie
- Papier sablé de grain 120
- Chiffon de coton
- Tampon à teinture, rouleau à peinture ou pinceau (optionnel)
- Gants de nitrile
- Laine d’acier 000000 ou papier de grain 800
Étapes d’une finition à l’huile de lin doublement bouillie
- Poncer la surface du bois nu au papier de grain 120 pour assurer une bonne pénétration de l’huile;
- Dépoussiérer la surface;
- Pour une meilleure pénétration, diluer la première couche avec un solvant doux comme le solvant d’agrumes ou un diluant sans odeur (Les huiles Tried and True ne requièrent aucune dilution);
- Appliquer la première couche au pinceau, au rouleau ou au chiffon;
- Essuyer l’excédent d’huile non absorbée par le bois, 10 à 15 minutes après l’application. L’oubli de cette étape laissera la surface collante;
- 2 à 3 couches sont nécessaires pour une bonne protection, et ce, à 12 ou 24 heures d’intervalles, suivant les indications sur le contenant;
- Pour une finition ultra douce au toucher, passer un papier 600 ou 800 ou bien une laine d’acier fine 000000, 24 heures après la dernière couche et le tour est joué !
- L’entretien se fera environ une fois l’an ou selon l’usure de la finition. Une apparence de sécheresse ou de décoloration du bois est un bon indice. Il s’agira de passer un chiffon humide, laisser sécher et d’appliquer une mince couche d’huile qu’il faudra essuyer rapidement.
Voilà le secret d’une belle finition satinée qui avec un minimum de soin, conservera toujours son aspect d’origine.
Comment disposer des chiffons imbibés d'huile ?
Un chiffon imbibé d’huile est susceptible de s’enflammer si aucune précaution n’est prise. Pour éviter toute réaction exothermique, il suffit de plonger les chiffons utilisés dans un contenant rempli d’eau. On peut ensuite jeter les chiffons mouillés dans un sac de plastique et le danger est écarté.
Que ce soit pour actualiser la commode des années 60, redonner un peu d’amour au buffet de grand-maman ou protéger et entretenir le nouveau mur de lambris, nul besoin de faire appel à des mains expertes, vous êtes maintenant outillés pour réussir votre prochain projet de finition à l’huile de lin !