Après un article sur la peinture à la farine, voici la peinture de lait, une peinture à l’aspect unique, polyvalente, écologique, qui donne un très bel aspect rustique à n’importe quelle surface. On vous voit venir... ne vous inquiétez pas: pas de peinture aux oeufs ni de recette de crêpes pour le prochain article ! Notre équipe préfère s’en tenir à la finition du bois...
Après la farine, la caséine!
La peinture de lait tire son nom de son ingrédient de base, la caséine, une protéine du lait. Oubliée pendant de nombreuses années, cette peinture refait surface depuis quelque temps: sa durabilité, sa facilité d’application, ses ingrédients naturels ainsi que son fini unique ne sont certainement pas étrangers à ce succès. On la retrouve sous forme de poudre colorée prête à être mélangée à l’eau, mais on peut également la fabriquer à la maison à partir de lait écrémé et de pigments colorants.
La peinture de lait provient d’une vieille recette nord-américaine qui remonte au 17e siècle et qu’on ne retrouve étrangement pas en Europe. La peinture de lait a longuement contribué à l’embellissement des meubles, boiseries et bâtiments nord-américains au 19e et 20e siècle, qui prenaient la couleur des pigments disponibles localement. Ainsi, dans la région de Trois-Rivières, les habitants excavaient dans les champs une terre rouge qu’ils broyaient avec de l’huile de lin et du lait écrémé pour en faire de la peinture. Dans la région de Québec, à l’Ancienne-Lorette et à St-Augustin, on pouvait trouver dans le sol, à une profondeur d’environ un mètre, une fine couche horizontale d’argile jaune d’une belle teinte foncée, qui, mélangée à du blanc, donnait une très belle variété de teintes ocres. Une fois cuite, on obtenait un beau rouge orangé.
Aujourd’hui, les possibilités de couleurs sont infinies grâce à la grande disponibilité de pigments originaires d’un peu partout sur la planète, et la peinture de lait est de retour à la grande joie des amateurs de la finition du bois qui souhaitent recourir à des produits écologiques qui s’inscrivent dans une perspective de développement durable.
Cette peinture ne s'écaillera pas (à moins bien sûr qu’on veuille lui donner un fini antique écaillé…), ne pêlera pas, donnera une finition de style champêtre et un aspect patiné. Elle permet une très grande variété d’effets et de textures autant pour une finition contemporaine sur un meuble ou des armoires de cuisine, que pour un effet badigeon sur les murs pour créer une ambiance à l’européenne. Le plus grand avantage de la peinture de lait est fort probablement sa possibilité d'être antiquée. En effet, la peinture de lait permet aux veinures du bois ainsi qu'aux textures d'être exploitées. Vous verrez qu’il est possible, avec un peu de patience et d’expérimentation, d’arriver à des résultats qui ressembleront à s’y méprendre une finition ayant des centaines d’années d’usure.
Un grand niveau de contrôle sur la finition
La peinture de lait se veut une solution économique et attrayante pour ceux qui désirent avoir plusieurs options et un meilleur contrôle sur leur projet de finition. D’abord, notons que la peinture de lait peut être utilisée comme peinture ou comme teinture (lavis), selon la quantité d’eau qu’on incorporera au mélange. Le lavis laissera transparaître les détails du bois, et pourra par la suite être recouvert de n’importe quel produit de finition pour le protéger, que ce soit de la cire, du vernis ou de l’huile.
La peinture de lait est très intéressante pour ceux qui voudront donner un fini antique usé (craquelures et/ou fissures) à leur projet. En effet, en faisant varier l’épaisseur de la peinture ou, en utilisant stratégiquement un médium à craqueler sur la surface à finir, on pourra obtenir une très grande variété de résultats. Puisqu’elle est vendue en poudre, la peinture de lait demande un peu plus de travail que les peintures prêtes à l’emploi, mais elle offre en contre-partie des possibilités aussi infinies que votre créativité.
Une peinture polyvalente aux ingrédients non-toxiques
La peinture de lait ne contient aucun ingrédient toxique ou nocif pour la santé: Elle ne contient aucun solvant, et aucun COV (Composé organique volatil).
Outre la caséine et le borax (qui permet d’activer la protéine du lait), la peinture de lait contient principalement du kaolin (une forme d’argile), ainsi que du calcaire, sous forme de chaux ainsi que de carbonate de calcium (qui est la composante principale des carapaces de crustacées, des escargots, des perles et des coquilles d’oeufs). Elle contient également des pigments minéraux (différents oxydes).
La peinture de lait est généralement utilisée sur le bois brut ou sur toute autre surface poreuse telle que le plâtre, le béton, la terre cuite, ou le carton. Par contre, en y ajoutant 5% de méthylcellulose en poudre, on la rendra plus onctueuse, on évitera la sédimentation (ce qui évite d’avoir à la mélanger trop souvent) et on améliorera son adhérence, rendant du même coup son application possible sur n’importe quelle surface bien préparée. Son application au rouleau en sera par ailleurs facilitée. La méthylcellulose est fabriquée à partir de la cellulose du bois (fibre) et a de très nombreux usages, tant dans l’industrie alimentaire (en tant qu’additif) que cinématographique (effets spéciaux). Fait intéressant, on s’en sert aussi dans l’industrie pornographique… mais nous vous laisserons le loisir de chercher sur Google si le sujet vous intéresse !
L’utilisation d’un apprêt ultra-adhérent à base d’acrylique améliorera encore plus l’adhérence et permettra d’appliquer la peinture de lait très facilement sur n’importe quelle surface telle que le verre, métal, vernis, peinture à l’huile, céramique ou plastique.
Les plus aventureux pourront également être tentés de préparer leur propre peinture à la maison. Plusieurs recettes à base de lait écrémé ou de fromage cottage circulent sur internet, avec des résultats et une efficacité qui varient. En voici une dont les résultats sont éprouvés, que nous avons publié sur notre forum technique. Le coût approximatif de cette peinture est de 4$ pour un demi-litre, comparativement à une quinzaine de dollars pour les sachets de poudre déjà préparés. À noter que dans tous les cas, il vaut mieux ne préparer que la quantité de peinture nécessaire à votre projet, car la caséine, tout comme le lait, ne se conserve pas très longtemps. Vous pourrez au besoin la conserver au réfrigérateur pendant quelques jours. L’avantage de la poudre déjà préparée est qu’elle se conservera très longtemps tant qu’elle n’est pas mélangée avec l’eau et qu’elle est disponible dans un large éventail de couleurs aux tons antiques et contemporains.
La peinture de lait et le fini usé
L’utilisation de la peinture de lait pour un usage normal est simple. Pour résumer, il suffit de nettoyer préalablement la surface à peindre, de la sabler, d’ajouter ou non de la méthylcellulose ou de l’apprêt ultra-adhérant (selon la surface à peindre), d’appliquer une première couche, de sabler légèrement et enfin d’appliquer la deuxième couche, qui devra enfin être protégée par l’application d’une finition, que ce soit du vernis, de la cire ou de l’huile pour bois. Cela changera également son fini très mat.
Par contre, tel qu’évoqué précédemment, le principal intérêt de la peinture de lait est sa capacité à donner un magnifique fini usé. Voici donc deux façons d’obtenir ce type de fini:
- Première méthode (plus simple, recommandé aux utilisateurs qui débutent avec ce type de finition)
- Deuxième méthode (pour utilisateurs plus expérimentés, offre plus d’options de finition)
Ces techniques peuvent être utilisées sur une tablette, un meuble, ou autres.
Et ensuite?
Vous voilà équipés pour entreprendre un projet de finition antique ! Que ce soit sur du bois neuf ou pour restaurer un vieux meuble qui traîne à la maison, la peinture de lait donne de magnifiques résultats. Vous avez un projet en tête et vous vous demandez quelle serait la meilleure façon de le concrétiser ? Comme à l’habitude, n’hésitez pas à visiter nos forums techniques pour poser vos questions ou partager vos projets ! Entretemps, on vous suggère quelques discussions sur la reproduction de fini antique et sur la restauration d’armoires de mélamine.